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citizen jazz - Page 3

  • Bonnes nouvelles de Paris

    ParisShortStories.jpgIl faut le dire ici, une jeune garde est en action ! Et croyez-moi, ça fait beaucoup de bien. Surtout que, respectueux de leurs aînés à qui ils doivent beaucoup, cette bande de musiciens malicieusement doués a la bonne idée de ne pas jeter le pépé avec l'eau du bain ! Au contraire, ils savent qu'on ne peut écrire le futur qu'en ayant le passé bien présent dans son patrimoine.

    Manque de chance pour vous, je sens que je vais vous donner l'impression de radoter, parce qu'après avoir consacré deux notes au clarinettiste (et beaucoup plus que ça) Sylvain Rifflet, celui-ci va cette fois encore figurer en bonne place dans mon histoire (ou mes nouvelles, devrais-je dire). Mais moins directement, je vous l'accorde parce que pour cette occasion, il est l'un des protagonistes, parmi quelques autres bouilleurs de cru de la distillation d'une musique des plus réjouissantes.

    Après avoir écouté Alphabet (dont on lira avec profit la chronique écrite par le camarade Barriaux pour Citizen Jazz), je me rappelle m'être posé la question suivante au sujet du travail de Rifflet : « Jamais deux sans trois ? » en m'apercevant que le clarinettiste avait œuvré deux fois de belle manière en un laps de temps très court. Eh oui ! Car n'oublions pas les Beaux-Arts qu'il venait tout juste d'exposer, dans l'acuité nerveuse d'une exploration mettant en scène un trio éclectique et un quatuor à cordes. Et dont une fois encore vous lirez avec bonheur la chronique du même Franpi pour le même Citizen Jazz.

    Certes, si les Paris Short Stories (Saison 1) mises en scène par le flûtiste Joce Mienniel (ci-devant membre de l'ONJ sous la direction de Daniel Yvinec) ne constituent pas le troisième acte que j'appelle de mes vœux (il viendra, c'est certain), voilà un disque ingénieux et débordant de bonnes idées, qu'on peut présenter comme un parfait cousin dans l'intention inventive. Rien d'étonnant parce Mienniel et Rifflet, c'est une association qui fonctionne plus que bien. Tous deux ont enregistré L'encodeur, sorte de disque laboratoire où les deux musiciens conjuguent leurs souffles en les mêlant à l'électronique. Ils redonnent, mine de rien, toutes leurs lettres de noblesse à une intrigante ambient music et laissent entrevoir un nombre presque illimité de pistes pour l'avenir. Précisons aussi – mais vous vous en souveniez, n'est-ce pas ? – que Joce Mienniel est l'une des quatre composantes de l'Alphabet de Sylvain Rifflet. Voilà pour les présentations, s'ils veulent compléter, ils savent que cette porte leur est grande ouverte.

    Revenons à nos moutons, je sens venir les digressions… Avec Joce Mienniel, il serait plus judicieux d'affirmer : jamais trois sans trois, ou plutôt, jamais trois sans trois fois trois ! Vous me suivez ? C'est simple : là où Sylvain Rifflet se montrait jongleur de lettres avec son Alphabet et sa fabrique à sons, Joce Mienniel s'attaque plutôt à une défi mathématique revigorant, une combinatoire née de la stimulation des éléments qui la composent. Il n'est pas donné à tout le monde de faire du neuf avec des trois. Plus fort encore, le flûtiste de l'arithmétique parvient à résoudre une sacrée équation dont les termes seraient 3 X 3 = 12. C'est, je crois, le principe même de la synergie. Un peu perdus ? Alors je veux bien tenter de vous expliquer.

    Pour mener à bien son expérience, Joce Mienniel a mis sur pieds trois trios inédits, composés de musiciens aux personnalités fortes et bien différenciées, avec chacun desquels il interprète trois compositions. Et comme fil conducteur reliant ces trois unités mobiles, il choisit en guise de bonus une composition tirée du premier album de Soft Machine, « Box 25 4 Lid », dont les trios donnent leur fugitive (entre 30 et 40 secondes) interprétation tour à tour. Voilà pour le sens à donner à la drôle d'équation dont il était question un peu plus haut. Mais, avouons-le, l'essentiel n'est pas là.

    L'idée la plus séduisante de Paris Short Stories (Saison 1), c'est le parti pris de créer des couleurs distinctes qui éclosent de la combinaison variable des instruments d'une formation à l'autre, avant de les imbriquer par leur alternance sur le disque. Flûte, trompette (Aymeric Avice) et clarinette (Sylvain Rifflet) ; flûte, Fender Rhodes (Vincent Lafont) et Orgue Hammond (Antonin Rayon) ; flûte, piano préparé (Ève Risser) et guitare (Philippe Gordiani). Le tout rehaussé de "traitements" assurés par chaque musicien, histoire de modifier encore les teintes ainsi créées et de s'ouvrir des horizons supplémentaires. On notera en passant que tout ce petit monde est au cœur de la marmite qui bouillonne du côté de par ici, au rayon du jazz et des musiques d'aujourd'hui : on ne compte ici que de fringants artificiers, qu'ils soient dans l'action de l'ONJ, de Radiation 10 ou du réseau iMuzzic, par exemple. Du lourd, pour parler trivialement.

    Et les voilà qui, en plus et reconnaissons-le pour notre plus grand plaisir, nous font le coup du palimpseste ! Ici, on puise dans l'existant, on gratte, on efface et on recommence le tableau. On reconnaît facilement l'original (à condition de le connaître, c'est évident), mais celui-ci se voit fièrement bouleversé sous l'effet des flèches décochées en toute impunité par ces jeunes qui, décidément, ne respectent plus rien, c'est bien connu ! Ou plutôt qui témoignent du vrai respect : celui qui consiste à ne pas parodier, mais à traduire dans son propre langage en conservant intact l'esprit originel. Et les sources sont variées ! Michel Portal par deux fois (dont l'obsédant « Mozambic »), tout comme Björk. Mais aussi Frank Zappa, Joni Mitchell, Lenny Tristano et… Sébastien Texier, dans une composition qui nous renvoie au somptueux Sonjal Septet d'Henri Texier (quelle bonne idée !).

    Paris Short Stories est un disque ludique. Un peu comme ces jeux d'enfants avec leurs pièces de toutes les couleurs, qu'on assemble au gré de son imagination pour inventer de nouveaux objets compagnons. Car même si l'idée d'un plaisir commun pris par les musiciens dans l'élaboration de leurs formes sonores semble être un minimum requis, un préalable à toute initiative créative, on reste un peu bouche bée devant cette accumulation de petits bonheurs singuliers qui, assemblés avec beaucoup de grâce, constituent la matière première, étonnamment mouvante, de ces "nouvelles de Paris". 

    Paris Short Stories (Saison 1), voilà bien un de ces disques comme on les aime. La surprise vous guette dans le moindre de ses recoins ; à peine celle-ci dévoilée, une autre est en préparation, mitonnée avec gourmandise par ces trois brigades de cuisiniers imaginatifs (je m'autorise cette incursion dans la sphère culinaire après avoir lu le texte expliquant sur la pochette du disque la recette de ces plats décidément savoureux) qui vont nous réserver, je n'ai aucun doute à ce sujet, encore bien d'autres objets de découverte.

    Saison 2 attendue, qu'on se le dise ! En attendant, si j'étais vous - ce que je ne vous souhaite pas, ayant beaucoup de mal à être moi-même – je me jetterais sur ce disque qu'on peut commander directement auprès de Joce Mienniel sur son bébé label Drugstore Malone. Tope là ?

  • Plaistow - Lacrimosa

    plaistow, lacrimosa, citizen jazzIl y a un cas Plaistow, ou plutôt une énigme. Qui donc sont ces trois Helvètes qui, en très peu de temps - tout juste cinq ans - ont érigé une construction musicale dont les contours sont si difficiles à cerner ? On pense à des aventuriers, parce que ces musiciens savent prendre des risques, notamment celui de nous perdre avec eux dans leurs explorations un brin angoissantes. Exégètes du classique trio piano - basse - batterie, amoureux de Bill Evans ou Keith Jarrett, soyez prévenus : vous ne trouverez pas satisfaction à l’écoute de ce vertigineux Lacrimosa et ses deux longues pièces dont il n’est pas aisé de sortir indemne.

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  • Yochk’o Seffer, « Free comme Jazz »

    sefferfreecommejazz.jpgPour une fois, on ne pourra pas dire qu’une biographie arrive trop tard, après la disparition d’un musicien dont on aurait aimé que le talent soit célébré de son vivant. Cette biographie de Yochk’o Seffer, signée Jean-Jacques Leca et publiée chez Edilivre est la bienvenue en ce qu’elle propose une longue promenade aux côtés d’un saxophoniste toujours en activité, même si, comme le déplore André Francis dans un court texte introductif, il « vit en deçà de la notoriété qu’il mérite ».

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  • Franck Médioni - Jimi Hendrix

    jimi hendrix, franck medioni, citizen jazzUn livre de plus consacré au plus grand guitariste du XXe siècle ? Depuis quarante ans, les nombreuses œuvres consacrées au Voodoo Chile nous ont déjà beaucoup appris sur celui qui se présentait volontiers comme un extraterrestre et, de son propre aveu, n’était lui-même que sur scène. Jimi Hendrix, et sa carrière fulgurante ont fracassé le monde de la musique en une poignée d’années... Quel parcours météorique, en effet !

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  • Round About Jobim

    stephane-spira-round-about-jobim.jpgLe parcours du saxophoniste Stéphane Spira est plutôt atypique : en effet, cet ingénieur en électronique n’a pas pu se satisfaire d’une vie probablement trop ancrée dans le matérialisme, préférant se lancer dans une aventure beaucoup plus incertaine, celle de la vie de musicien de jazz. Une vie qu’il s’est fabriquée à l’école des clubs et des rencontres initiatiques avec d’autres artistes, parmi lesquels le regretté Michel Graillier. Après First Page, un premier album en quartet publié en 2006, puis Spirabassi en duo avec Giovanni Mirabassi trois ans plus tard, Spira rend aujourd’hui hommage à Antonio Carlos Jobim.

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  • Electro Deluxe Big Band - Live in Paris

    electro deluxe, live in paris, citizen jazzElectro Deluxe a soufflé dignement ses dix bougies le 18 octobre 2011 devant un Alhambra archicomble. Souffler : tel est bien le mot, puisqu’à cette occasion, le groupe s’est étoffé d’un Big Band complice, renouvelant en cela une première expérience réussie quelques mois plus tôt au New Morning à Paris. Ce double CD – qui inclut six vidéos en noir en blanc reflétant fidèlement l’ambiance festive qui régnait ce soir-là – constitue un témoignage précieux d’une soirée de musique dont la force est bien celle de l’énergie vitale de ses influences. Elles aussi soufflent très fort sur le feu de la musique.

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  • Jacques Schwarz-Bart - The Art Of Dreaming

    jacques-schwarz-bart-the-art-of-dreaming.jpgCoup de cœur ! Il y a chez Jacques Schwarz-Bart le souffle d’une évidence radieuse qui pourrait faire douter de la nécessité des mots, certainement insuffisants pour refléter comme elle le mérite la sérénité qui s’en dégage. Le saxophoniste, dont la carrière trace depuis une quinzaine d’années les contours d’une exploration de ses origines guadeloupéennes mêlée à des confrontations avec la scène jazz new-yorkaise, et en particulier son courant nu soul – lui-même laboratoire aux confins du jazz, de la soul et du hip hop – parvient aujourd’hui à une étape essentielle de sa vie d’artiste.

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  • Le bel Alphabet de Sylvain Rifflet

    sylvain rifflet, alphabet, beaux-arts, saxophone, clarinette, citizen jazzLe changement c’est maintenant. Oui, certes... mais j'aimerais consacrer cette note à un disque – et ce faisant à un artiste de premier plan – récemment publié, dont le flux musical a circulé instantanément dans mes veines, bien mieux que n’a pu le faire mon propre sang malgré le soutien depuis bientôt trente-trois ans d'une colonie de comprimés aux vertus anticoagulantes (11.949 à ce jour, desquels il faut toutefois retrancher quelques rarissimes oubliés matinaux. Pensez à fêter mes 12.000 cachets, ce sera le vendredi 18 mai. Fin de la parenthèse).

    Le problème, c’est qu’en vous parlant de Sylvain Rifflet, je pourrais vous donner l’impression de bégayer un peu dans mon écriture. Un changement, oui, mais dans la continuité de son indéniable talent...

    Car oui, je l’avoue, j'ai déjà évoqué ici-même le saxophoniste clarinettiste compositeur arrangeur (etc.) à l'occasion de la publication de ses enchanteurs Beaux-Arts. C'était au mois de février. Bis repetita... Je ne reviendrai pas ici sur cet album, autant lire ou relire si vous le souhaitez la note que je lui avais consacrée ou, mieux, la chronique que mon camarade Franpi avait écrite pour Citizen Jazz.

    Mais tout de même : alors que les richesses de ce disque continuent de répandre leurs bienfaits, voici dès à présent, bien plus qu'une simple piqûre de rappel (je persiste dans la métaphore hématologique, pardonnez-moi), une nouvelle proposition tout aussi créative et passionnante. À la fois nom de groupe et nom d'album, Alphabet est un coup de maître. Un de ces disques qui, par leur inventivité, leur originalité mais aussi l'immédiateté de leur propos – je tiens à préciser ici que cette musique est très accessible, qu’elle ne suppose aucune initiation préalable. Amis craintifs du tympan, soyez rassurés et venez tranquillement découvrir ce petit monde baroque, vous devriez en apprécier les sinuosités – s'envolent miraculeusement et viennent s'installer en vainqueurs tranquilles de votre propre biotope, tout en haut – au sommet, vraiment – de la pile des disques que, par précaution et tendresse, vous gardez toujours à portée de platine. En d'autres termes, je suis habité par la conviction qu'Alphabet fera partie de ma sélection de l'année – il y sera forcément en très bonne place – et, mieux encore, qu'il est d'ores et déjà un point de repère, pour ne pas dire un classique. Déjà ? Qu’on me pardonne une certaine grandiloquence assumée : quand j’aime, je répugne à compter...

    Continuité et changement, donc. Nous sommes bien en présence d’une musique tout aussi originale et fusionnelle que celle qui hantait le sillon de Beaux-Arts. Il y a chez Sylvain Rifflet la capacité de dévoiler à nos oreilles un univers très contemporain – en témoignent les influences directes de Philip Glass, ou bien encore Steve Reich et sa science des décalages rythmiques et plus généralement de l’école dite des minimalistes – au milieu duquel les choix mélodiques sont, s’il le faut, tournés vers les compositeurs du début du XXe (« A l’heure » et son empreinte mélodique que n’aurait pas renié un Claude Debussy), mais vite confrontés à des scansions nettement plus crimsoniennes (note à l’attention des non spécialistes : j’évoque ici l’influence d’un groupe comme King Crimson, et bien entendu de son leader Robert Fripp), comme sur « Electric Fire Gun » ou la première partie de « C ≠ D » et à un savant travail de modelage de la matière sonore.  On aurait tort toutefois de s’arrêter à ces références – majeures et nourricières – parce que le résultat est avant tout profondément original. Il y a quelque chose dans la musique de Sylvain Rifflet qui incite à la fois à une rêverie un peu lunaire, voire mélancolique, tout en maintenant intacte notre capacité à l'éveil par ses assauts rythmiques répétés et ses incursions délicatement bruitistes. La construction d’une composition telle que « C ≠ D, part 2 » est exemplaire à cet égard : elle nous caresse puis tout doucement, elle s’élève, elle emporte. Ou celle de « A = B », qui, petit à petit, déconstruit la mélodie pour nous conduire vers une instabilité épanouie. Il ne vous aura pas échappé, aux titres des compositions, que cette musique établit par ailleurs des liens entre les notes et les lettres de l’alphabet... 

    Au lieu d’adosser un trio saxophone guitare batterie à un quatuor à cordes comme il l’avait réalisé sur Beaux-Arts, le professeur Rifflet, tout à ses alambics sonores,  a concocté une nouvelle formule aussi réjouissante avec l’aide de ses amis, dans la continuité d’une résidence établie dans le cadre du festival Jazz au fil de l’Oise. Ils sont ici en quartet, et c’est une bonne compagnie, celle de musiciens de jazz, à l’aise dans l’improvisation comme dans l’univers du rock : aux côtés du saxophoniste, Joce Mienniel à la flûte (Mienniel est actuellement membre de l’ONJ sous la direction de Daniel Ivinec), Philippe Gordiani à la guitare (pour en savoir plus sur ce dernier, je vous recommande une fois encore d’écouter ses contributions aux projets de l’excellent Bruno Tocanne, tels Libre(s)Ensemble , dans lequel il dévoilait déjà la face frippienne de son jeu, ou l’iOverdrive Trio) et Benjamin Flament aux percussions. Pas de basse donc, mais une batterie remplacée par un set de métaux traités (casseroles, bols, équerres...) : « Pour obtenir un son plus industriel, plus garage mais aussi plus précieux et ainsi de se balader quelque part du côté de Tom Waits et Cliff Martinez». La fusion des sonorités éclate au grand jour, elle est immédiatement attachante par sa singularité.

    Nous vivons dans un monde étrange : alors qu’on imaginerait volontiers artiste du talent de Sylvain Rifflet recevant le soutien enthousiaste d’un label, il semble bien que tel ne soit pas le cas. Il lui faut trouver d’autres voies, se distribuer lui-même (en espérant qu'il ne consommera pas trop d'énergie dans ce travail)... Jusqu’à proposer le téléchargement gratuit de son Alphabet ! Qu’on aura, si possible, la délicatesse de compléter ensuite par l’achat en ligne du CD pour la somme plus que raisonnable de 10 €... parce qu’il le vaut bien... 

    Nous ne sommes pas encore à la moitié de l’année 2012 et Sylvain Rifflet nous a déjà proposé deux disques coups de maître : je lui souhaite très sincèrement de trouver toutes les issues possibles pour la diffusion de sa musique, sur disque bien sûr mais aussi et surtout sur scène, parce qu’il s’agit d’abord de musique vivante et vibratoire.

    Et puis, on a presque envie de lui poser la question : jamais deux sans trois ?

    Alphabet :

    Benjamin Flament : métaux traités et électronique ; Joce Mienniel : flûtes et électronique ; Philippe Gordiani : guitares et électronique ; Sylvain Rifflet : compositions, saxophone, clarinette, métallophone et électronique.

  • Stabat Akish - Nebulos

    stabat akish, nebulos, maxime delporte, citizen jazzLes Toulousains de Stabat Akish n’en sont plus à une taquinerie près ! Quand le disque ne se vend plus ou presque, les voilà qui vous délivrent, avec une pointe de malice qui leur ressemble beaucoup, un second album sous forme de vinyle en tirage limité à 500 exemplaires. Un bel objet orné d’un aimable éléphant, dans lequel l’acheteur trouvera un flyer et un code pour télécharger la version numérique. Joli pied de nez à la dématérialisation actuelle, et stimulation du désir d’objet durable, histoire de démontrer un esprit de résistance réjouissant que ce second disque ne démentira pas. Car Nebulos, c’est le nom de cette élégante production, confirme toutes les qualités que Citizen Jazz avait énumérées dans sa chronique du premier.

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  • Renaud Garcia-Fons - Solo (The Marcevol Concert)

    RGF-SOLO.jpgCe disque est l’histoire de toute une vie en musique ; celui, aussi, d’un coup de foudre que le jeune Renaud Garcia-Fons, alors âgé de seize ans, eut pour la contrebasse, une passion si forte que l’homme semble aujourd’hui ne faire plus qu’un avec elle, devenue prolongement de son âme. Un instrument auquel il n’a eu de cesse, depuis ce choc originel, de donner une voix soliste, y compris dans ses expériences en groupe, et d’en exploiter toutes les possibilités. Pour lui, la contrebasse allait devenir un instrument universel, autant lyrique que rythmique, « à la croisée de toutes les techniques de jeu des instruments à cordes ».

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  • Les 1000 Cris - Murmures

    les 1000 cris, murmures, emil 13, françois guell, nicolas arnoult, citizen jazzVoilà près de vingt ans que l’association Emil 13 travaille en Lorraine, tant dans le domaine de la création musicale que de sa diffusion. Grâce à elle, de nombreux musiciens ont pu bénéficier d’un véritable espace de création, par toutes les actions que le collectif a menées dans les domaines touchant à la musique improvisée et au jazz contemporain (festivals, initiatives pédagogiques, concerts, cartes blanches, ...), finissant par devenir une véritable référence, symbole de bouillonnement dont le nom est aujourd’hui intimement associé à l’histoire de la musique dans cette région.

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  • Tu danses ? "Autres directions"

    TuDansesTrio_w.jpgPublié en 2011, le deuxième disque du trio Tu danses ? est un témoignage attachant de la vitalité des explorateurs sudistes que sont Jean-Marc Baccarini (saxophones), Philippe Canovas (guitare) et Christian Mariotto (percussions). Tous trois se connaissent fort bien et pas seulement parce qu’ils sont nés au sud de la Loire. Leurs routes se sont souvent croisées, comme avec les Contres favorables de Canovas ou Mikatopjam, qui se veut dédié à l’improvisation instinctive et dont le disque Dédales avait pour invités Barre Phillips et François Rossé. Voilà donc un solide trio, rompu aux exercices exigeants de l’invention et pratiquant sans complexe la spontanéité comme une nécessaire discipline créative.

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  • Jean My Truong "The Blue Light"

    jean my truong, the blue light, miles davis, citizen jazzL’exercice est plutôt risqué ! Rendre hommage à Miles Davis, c’est d’une certaine façon tenter de gravir un sommet de haute altitude sans oxygène et se voir contraint de renoncer tant la tâche peut sembler insurmontable.

    Vingt ans après la disparition du trompettiste, on ne peut en effet ignorer à quel point The Man With The Horn a marqué l’histoire du jazz, tourné des pages majeures et constamment inventé de nouvelles directions qu’aujourd’hui encore ses disciples n’en finissent pas de suivre. Avec lui et dans son sillage, toujours un cortège de géants qui ont imaginé des univers dont l’exploration est loin d’être terminée. Miles était tout autant un génie créateur qu’un puissant révélateur du talent de ses contemporains.

    Voilà pour le point de départ.

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  • Duo Bruno Tocanne & Henri Roger "Remedios la Belle"

    tocanneroger_remedios.jpgQuand un beau duo se fait la belle ! Voici un disque – un petit objet de collection par ailleurs – qui vient décocher ses flèches irisées avec une intelligence qui n’a d’égale que l’excitation que son écoute suscite. Bruno Tocanne (batterie) et Henri Roger (piano et guitare) ont uni leurs forces pour imaginer ce Remedios la Belle aux vertus évidentes dont la première, et non des moindres, est la faculté de nous donner à vivre chaque instant comme une profonde vibration. La traduction en musique, peut-être, d’une invitation à la pratique du carpe diem.

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  • Pascal Schumacher Quartet "Bang My Can"

    pascal schumacher,bang my can,vibraphone,citizen jazzVoilà pas mal de temps maintenant que Citizen Jazz s’intéresse au vibraphoniste Pascal Schumacher. Un long portrait lui était déjà consacré au printemps 2004 ; il nous permettait de découvrir un musicien attachant, doté d’un solide sens de l’humour – en témoignent tous les inconvénients de l’instrument dont il dressait la liste : fragilité mécanique, limitations sonores, absence de contact direct, conséquences physiques désagréables pour celui qui en joue – et du souci affirmé d’une esthétique alliant énergie, élégance et recherche d’un vrai son de groupe, d’une cohérence collective.

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  • Maria Laura Baccarini - Furrow, A Tribute To Cole Porter

    furrow.jpgVoilà un disque en tous points réjouissant ! L’hommage que rendent la chanteuse Maria Laura Baccarini et ses complices à Cole Porter est non seulement explosif, mais avant tout empreint d’une vraie originalité dont l’essence est collective. Pourtant, on aurait pu s’inquiéter. Pensez donc : sans pour autant tomber dans le piège trop facile du délit de belle gueule, nous voici en présence d’une artiste aux allures de top model qui fait craindre d’emblée un de ces avatars marketés dont l’univers du jazz a parfois le secret. Le cours des bimbos insipides étant largement surévalué, on voudra bien nous pardonner cet a priori : on pouvait redouter un énième disque de sucreries, de roucoulades pour vieux messieurs plus avides d’admirer la plastique de la chanteuse que de s’immerger dans son répertoire...

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  • Giovanni Mirabassi - Adelante

    giovanni mirabassi, adelante, cuba, citizen jazzPour un temps échappé du trio qu’il forme avec Gianluca Renzi et Leon Parker, Giovanni Mirabassi donne une suite naturelle à Avanti, publié voici une dizaine d’années et désormais introuvable, sauf à prix d’or peut-être. Ce disque libertaire qui célébrait des hymnes planétaires tels que « Le temps des cerises », « Imagine » ou « El Pueblo Unido Jamás Será Vencido » avait connu un vrai succès que n’aurait peut-être jamais imaginé le pianiste transalpin du temps de sa jeunesse, quand sa famille formulait pour lui des rêves où son avenir s’habillait d’une robe d’avocat. Aujourd’hui quadragénaire et plus parisien qu’italien, Mirabassi porte sur notre monde un regard fiévreux et considère son engagement politique comme relevant de sa responsabilité d’artiste.

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  • Fouinons !

    musique, franpi sunship, école de canterbury, jonathan coe, citizen jazzAu départ, j’avais envisagé un texte d’énervement. Normal, quand on vit à peu près connecté au monde qui nous entoure et qu’on assiste au triste spectacle de la politique et aux agitations d’une clique plus encline à préserver ses privilèges qu’à se pencher sur l’épineuse question du bien commun et d’une nécessaire solidarité. Ce matin encore, j’entendais un vieux cheval de retour, sorti de l’obscurité dont il aurait mieux fait de ne pas s’extraire, appeler de ses vœux la formation en France d’un gouvernement technique dès le début du mois de janvier. Ah, le gouvernement technique : la nouvelle sucette dont nos chers et néanmoins incapables dirigeants viennent de s’emparer et qu’ils tètent goulûment. Son goût sucré semble garantir le bonheur, notre bonheur, pour les temps à venir et les dispenser de réfléchir. Ils avouent de fait leur propre mise hors jeu, oubliant toutefois d’exclure de leur proposition le coût exagéré de leur rétribution. Le bougre y allait même de ses suggestions ad hominem pour remplacer l’actuel politicien glissé dans le costume du premier ministre : Michel Camdessus, Pascal Lamy ou Jean-Claude Trichet. Un technicien vous dis-je !!! Pas un élu, non, un type qui s’y connaît en rouages de l’économie (et comme on le voit, ces braves gens susnommés ont parfaitement réussi jusqu’à présent). J’avais la désagréable impression que mon vieux bourrin des urnes, sachant la cause de son camp un peu perdue, nous suggérait même entre les lignes qu’une élection n’était peut-être même pas la solution idoine en ces temps de forte rigueur. Une élection ? Pour quoi faire ? Laisser le peuple donner son avis ? Allons donc !

    Bref, je voulais m’énerver un peu, déverser mon semblant de rage sur le locataire (j’ai bien dit locataire, quoique parfois celui-ci semble se confondre avec le propriétaire) de l’Elysée, mais il se trouve que mon camarade Franpi a déjà largué ses bombinettes. Avec un talent infiniment supérieur au mien. Je vous invite donc à visiter son blog et lire sa petite charge qui, à défaut de renverser la triste situation dans laquelle nous nous trouvons, fait beaucoup de bien !

    Vous pourrez lire dans sa conclusion un repli vers un refuge musical : lui comme moi ne sommes pas dupes, mais après tout, faut-il tout abdiquer au nom d’un principe de réalité et refouler nos propres élans vers des créateurs qui sont autant de résistants ? Je répondrai d’autant plus par la négative qu’alors que mon collègue allait faire un tour du côté de la musique de John Greaves, j’étais parti de mon côté revisiter les passionnantes contrées de la musique dite de l’école de Canterbury (nous en reparlerons plus tard si vous le voulez bien ; pour résumer, il s’agit d’un mouvement musical né à la fin des années 60 dans le sillage de ces sacrés explorateurs qu’étaient les fondateurs du groupe Soft Machine).

    La nostalgie comme remède aux noirceurs de l’actualité ? Même pas ! En réalité, c’est la lecture du Cercle Fermé de Jonathan Coe qui m’a incité à réécouter ces disques que je possède pour la plupart depuis plus de trente ans. L’auteur y cite le groupe Henry Cow ainsi qu’Hatfield & The North. Il se trouve même que ce livre est le second volet d’un diptyque dont la première partie a pour titre original The Rotters’Club (en français Bienvenue au club) en hommage à Hatfield & The North (The Rotter’s Club étant le nom du second album du groupe). Alors j’ai enchaîné les écoutes, en passant par Robert Wyatt, Matching Mole, Caravan ou National Health. Que du bon, du vieux mais du bon qui fait du bien par où il passe. Ces types-là avaient inventé un univers aux confins du jazz et du rock, dans un mouvement d’invention sinon perpétuel du moins assez frénétique. Encore une de ces folies que la décennie 1965-1975 aura vu naître.

    Pourquoi est-ce que je vous raconte tout cela ? Probablement parce que nous sommes le 31 décembre et qu’il est d’usage de souhaiter à chacun de vous le meilleur pour les temps à venir. Ce que je fais ici bien volontiers. Comme le dit souvent un ami : pain, amour, santé et fantaisie ! Et qu’au moment de tourner la page de l’année 2011, j’avais envie, très fugitivement, de partager un vieux coup de cœur avec vous, de vous encourager, chacun de votre côté, à ne pas mettre de côté vos passions et à en parler avec les mots de l’enthousiasme, celui qui nous fait un peu défaut en ce moment.

    Peut-être qu’un échange de type culturel (j’écris le mot en italiques à dessein) et passionné autour de la musique, de la littérature, de la peinture, du cinéma ou de ce que vous voudrez… ne remplira pas les assiettes de ceux qui tirent le diable par la queue. Peut-être. Mais que nous restera-t-il si nous ne produisons pas ce petit effort consistant à fouiner un peu partout dans les recoins de la connaissance pour nous sentir un peu moins petits ? Pas grand chose.

    Alors je vous souhaite d’avoir l’élan fouineur et de bien vouloir répandre autour de vous un peu de ce que vous aurez pu récolter. Un acte simple de résistance.

    PS : très accessoirement, je prends ici la résolution d'une contribution encore plus active au magazine Citizen Jazz pour l'année 2012.

  • Sylvain Courtney - Those Were The Days

    sylvain_courtney.jpgVoilà un album qui mérite beaucoup mieux que la confidentialité à laquelle son statut de disque autoproduit semble le destiner. Those Were The Days est en effet un recueil intimiste et chaleureux de ballades aux mélodies subtiles, souvent mid tempo, qui reflètent au plus près la personnalité de Sylvain Courtney. Ce guitariste, bien connu des Lorrains, et tout spécialement des Nancéiens (qui sont nombreux à avoir croisé sa longue silhouette), n’en est pas à son coup d’essai. Une première Bal(l)ade du Faubourg, elle aussi sortie presque sous le manteau en 2007, soulignait déjà les qualités d’un compositeur dont la discrétion apparaît aujourd’hui comme une arme de séduction !

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  • Ping Machine - Des trucs pareils

    cover.jpgIl est des disques qui s’imposent. On sait tout de suite qu’on vient de découvrir une pépite qui va nous tenir compagnie un bon bout de temps. Ils affirment leur personnalité, et on ne saurait dire si leur qualité première est d’exprimer un esprit collectif puissant ou de transmuer l’amalgame d’individualités en ensemble soudé. Ils traduisent, avec toute l’élégance de leur énergie créative, le travail d’un toutinventif, constamment sur la brèche, qui déploie des couleurs en perpétuel renouvellement au fil d’une exploration passionnante. Une aventure bariolée, qui ne laisse jamais l’auditeur au bord de la route.

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